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Nous
aimons : Littératures et musiques
les contributeurs C'est Pierre qui en a eu l'idée : passer en revue ceux qui ont contribué de près ou de loin, voire à leur insu à la naissance d'Italic et qui continuent de le faire vivre...Des vrais gens d'abord, mais aussi des structures, des lieux, des idées qui sont le produit de rencontres, d'expériences humaines. Un inventaire en quelque sorte, peut-être à la Prevert ! En cours
Il bel paese j'suis VNR ! Dimanche : jour de relâche et autres plaisirs minuscules...
Petit déj' tardif agrémenté de musique et de la lecture des journaux : la grille géante de l'un, la chronique de l'académicien de l'autre, une incursion plus ou moins sérieuse dans le monde qui s'achève par le feuilletage du magazine qui l'accompagne.
Après la nouvelle année, le printemps (des poètes), le "joli mois de mai" ... Au programme des Etonnants Voyageurs 2005 : Les Amériques, la vieille Europe rajeunie par des voix métissées venues de Londres(Ma Jian : que faire d’autre qu’écrire dans une ville au climat détestable), de Russie, un dé-tour par l’Afghanistan en passant par la Turquie puis d’un bond l’Inde, la Chine …
Des débats : sur les lieux qui parlent avec un penchant (le notre) pour le Sud, où un géographe peut tout aussi bien être poète qu'un écrivain scientifique.
Et pour aiguiser les sens : les saveurs du monde avec comme découvreur Olivier Roellinger. Epatants, ces voyageurs ! A lire : Brad Witson, Bruce Murkoff, Percival Everett, Luiz Ruffato, Nicholas Blincoe, Michel Faber, Atiq Rahimi, Andrei Kourkov et aussi Michel del Castillo, Laurent Gaudé, Céline Curiol, Christine jordis, leslie Kaplan, Alberto Manguel, Jean Malaurie, Ma Jian et tous les autres... Et encore quelques livres Une bonne nouvelle : le commissaire Adambsberg et sa mélancolie sont de retour... dans les bois éternels de Fred Vargas .A propos d'Etonnants Voyageurs, l'édition caraïbe m'a laissée en suspens car à peine arrivés il était déjà temps de partir. Le temps ( qui nous fait tant défaut) d'écouter Patrick Chamoiseau, Edouard Glissant, Franketienne, Edouard Manet ; de rater Zoe Valdes, Jean-Luc Coatelem; de rerouver Jacques Lacarrière, Michel le Bris, Yvon le Men et de glisser quelques mots à Fatou Diome-irrésistible, à Gisèle Pineau ( avec qui j'ai en commun mon métier), d'entrevoir en passant les couleurs flamboyantes, de saisir de ci de là des bribes, des mots et le privilège de nous entretenir avec une grande dame de la poésie : Andrée Chedid.
Le commisaire Adamsberg est de retour et ce n'est pas trop tôt !
Nous étions, en effet, quelques-uns à guetter la sortie du rom'pol' selon les termes de l'auteure Fred Vargas.
So long, Babe.
Et puisqu'il est question d'Italie, Entre deux mers de Carmine Abate nous promène dans l'âpre beauté de la Calabre. " De Lorient à Maschito sous "le soleil des Scorta" ...sono venuto à sognare...chanterait Paolo Conte. Je pensais : Et si la vie était ici ?
Syracuse- la grecque qui s'éloigne déjà sous une pluie battante, escamotant le golfe de Catane et l'Etna qui se drape dans un brouillard têtu- pecato. ...sono venuto a pensare...
Une courte escapade le lendemain pour une ultime vision de la mer ionienne, à l’endroit où la Basilicate s’offre le luxe-un des rares- de s’y détourner et nous étions rendus au terme (supposé) de notre voyage. A qui, à notre retour, nous avons rendu visite avec dans nos bagages quelque chose de précieux : un fragment du soleil des Ciesco... Florence Aubenas libérée et 75 lignes effacées d'un coup. Psst ! disparues. Emmurée... Un texte retiré également de notre vitrine, le coeur léger. Rubrique à brac Si vous m’avez entendu soupirer, c’est que vous avez l’oreille fine, car je ne sais par où commencer. Rubrique à brac pourrait s’intituler cet espace ou pourquoi pas… beaux-arts et autres racontars Un clin d’œil à l’écrivain Riel, preuve que cette rubrique ne se prend pas au sérieux même si elle ne raconte pas de bobards. J’y parlerai de nos lectures – les récentes et celles qui constituent notre « fonds ». Y figureront en bonne place nos musiques préférées. Et par associations d’idées tout ce qui peut s’y rapporter.
Bretons aussi nos cosys transformés en bibliothèques pour l’occasion ! Vous savez ces sortes d'étagères sur pied où venaient s'insérer les lits. Si joliment garnies les étagères : la poupée en coquillages vernis, le nain en plastique tout de blanc vêtu, brandissant la flamme de son cierge, souvenir solennel de la communion du même nom et de sa pièce montée...Et il y avait aussi la tour Eiffel sous son globe et sa neige incorporée, autre souvenir rapporté par la grand'tante. Mais si vous savez bien : celle dont vous deviez supporter les baisers mouillées et son parfum à la violette, et puis les bavardages l'après midi durant.
Coté musique : honneur aux dames. Stancey Kent, Norah Jones les brunes, les blondes Diana Krall et Lisa Ekdhal ? On aime bien écouter leurs standards. J'ai reçu en cadeau Molly Jonshon et Lila Downs, mexicaine par sa mère, à la voix chaleureuse et profonde comme celle de Cassandra Wilson. Profonde aussi celle de Patricia Barber. A propos d'Amerique latine,Lhasa nous a surpris par son 2nd album. Gianmaria Testa occupe la 1ère place de notre classement italien. Le plus breton de tous est sans doute le sarde Paolo Fresu. Ces deux là doivent composer un hommage à Ferré, tout comme Manu Lann Huel et Didier Squiban. A rajouter à notre liste : Stefano di Battista et Flavio Boltro, Daniele Seppe ( qui revisite la chanson traditionnelle du Sud ), Sergio Cammariere, Fabio Spicogliese...La poésie de René Aubry , la sensualité de Gaetano Veloso , la pureté des cordes de la Kora de Sissoko ou de celle qui accompagne la voix de Janice de Rosa , le blues teinté de rock aux couleurs cuivrées de Van MorrisonNous aimons aussi la chanson française, celle dîte de rue Un style, une mélodie et des mots qui ont du sens... A suivre... Ecce homo et autres bonts mots du genre... Si Tolkien m'était conté D’humeur plutôt ludique, mère et fille affairées, devisaient ; la seconde résumant le contenu de son trimestre studieux. Ecce homo !
Père de fille s’est réveillé un dimanche avec cette idée qu’il ne descendait pas de l’homo Sapiens Sapiens, mais bel et bien de Cro-Magnon. D’ailleurs il le grogna plutôt qu’il ne l’articulât. Mère de fille répondit qu’il y avait déjà quelques décennies qu’elle je le trouvait fort magnon . Petit précis à l’usage des ornithologues allumés, pardon : éclairés.
- Oooh,, s’exclama Mignonne en suivant du regard le virage gracieux du cormoran : un truc qui vole… …Aie aie aie aie aie…paloma ?*
Cormoran, le mot venait tout juste d’affleurer sa conscience tandis qu’elle se souvenait d’un autre dimanche sur ce même chemin de halage où une détonation les avait fait sursauter. Ils avaient alors assisté à la débâcle : l’envol désordonné de centaines d’oiseaux échappés du bouquet d’arbres de l’autre côté du canal. Bientôt un groupe d’échassiers avait formé une escadrille les survolant à basse altitude : …Coucouroucoucou… *
Suspendant leurs pas, saisis par l’incongruité du moment, ils sentaient déjà l’onde qui allait les secouer et les hurlements de rire à venir, tellement violents qu’ils durent se cramponner l’un à l’autre pour ne pas tomber. Les balades du dimanche, même brèves, ont cela en commun : la faculté d’évacuer le trop plein, comme ces formidables éclats de rire. Comment voyager avec un saumon**
Il arrive encore qu’ils se perdent même avec des avertis.
De retour à la maison, Chacun s’activait : qui à ranimer le feu, qui à servir des boissons revigorantes tandis que Cro choisissait parmi sa collection une pipe de bruyère aux proportions parfaites et déjà culottée.
Fille tirait donc une longue bouffée de sa cigarette et suivant rêveusement le tracé de la fumée, attendait le moment opportun d’interroger père, lecteur de Tolkien accompli. Fille, donc, comparait la version filmée au texte original.
Les rugissements qui lui firent écho et les joyeux propos font encore l’objet d’affinages lexicaux. Plutôt périr que sourire à ce fumier de Sauron Ah mais ! non d’un p’tit Gollum…
* Une chanson admirablement interprétée par Gaetano Veloso dont j’ai fait cadeau de l’anthologie à celui que vous savez... On aurait dit On aurait dit Le 10ème anniversaire de la disparition de Léo et une soirée pour le fêter. Parmi ses invités, il y aurait les Italiens Têtes de bois. On aurait dit… C’est ainsi que nous avons pris le chemin…des Monts d’Arrée, accompagnés par la voix de Léo, au retour de Plougasnou en baie de Morlaix, par un dimanche incroyablement chaud. LA MEMOIRE... Direction St Michel de Brasparts, un des points culminants des Monts, d’authentiques montagnes et si hautes, dit Patrick Ewen à un public incrédule, que parfois leur cime se perd dans les nuages ! Une visite à la maison des artisans en contrebas afin d’organiser notre soirée et nous voici attablés à l’auberge après avoir retenu une chambre chez l’habitant. Ce soir c’est kig ha fars nous annonce la patronne avec l’accent de ce coin du Finistère (en somme assez proche du mien ). De retour à notre villégiature dans la campagne, les aboiements de loin en loin ont ponctué les heures. Normal, a déclaré Pierre, n’avais-tu pas remarqué la lune pleine. Et moi qui craignais une nuit sans ! …ET LA MER. La traversée de la forêt de Cranou puis du bourg du Faou m’ont remis en mémoire le livre de Philippe Le Guillou : les marées du Faou. Où nous avons fait une pause, le temps d’une collation et d’une brève ondée passagère. Le ciel était de nouveau éclatant à l’entrée de la presqu’île de Crozon et Landevennec assoupi lors de notre visite des ruines de l’ancienne Abbaye et de son musée, fort à propos climatisé ! Peut-être ai-je la réponse à ma question et cette promenade, contemplative elle aussi, prend alors son sens : une sorte de quête où le spirituel est en phase avec la nature autour. Autrement dit : les pieds sur terre, mais la tête dans les nuages ou bien la confrontation bien vivace du réel et de l’imaginaire aux contours perméables- rappelez-vous : les portes de l’enfer du Yeun, même s’il s’agit ici du Paradis… Sur le chemin du retour entre une dernière incursion dans le parc d’Armorique, moins fréquenté que les routes côtières et l’axe familier Quimper-Lorient, je songeais à tout cela, osant, je précise sans prétention, la comparaison entre l’habitacle de notre voiture et le hamac de Daniel Pennac, à mon tour devenue l’écrivain la plus prolifique de l’univers. Pour clore ce chapitre, si je puis me permettre, Pierre me tendant un exemplaire du Monde, au lendemain matin ajouta : tu vas rire . Une pleine page sur une promenade en Bretagne,le Yeun précisément…
JACQUES LACARRIERE parle lui de ses tables de "désorientation" dans le décor presque solennel de la tour des moulins où la poésie a pris ses quartiers comme chaque année sous la direction d'Yvon Le Men. Du grand Léo et en italien : Ferré, l'amore e la rivolta. C'est le titre de l'album du groupe, italien comme leur nom l'indique : Têtes de bois...Et il a du en falloir de la ténacité pour le produire. Les chansons sont au nombre de 14, certaines en version originale, la majorité en italien. Un beau travail sur les textes.Je n'ai pas fini d'en apprécier la teneur, mais l'émotion est bel et bien au rendez-vous et quelques titres ne me quittent déjà plus comme non si puo essere seri a 17 anni. Musique Au plat du jour succède le vin du mois… la suite logique, alors ? l’album de l’année : La valse d’un jour-il valzer di un giorno de Gianmaria Testa Car si le bien manger et le bien boire fondent l’existence d’Italic, l’espace autour donne le ton. Le décor d’abord : comme une correspondance entre les couleurs dans l’assiette et sur nos murs. Les livres ensuite : certains de leurs auteurs sont chers à nos cœurs. La musique enfin : celle que nous aimons. Gianmaria Testa nous accompagnait déjà quand nous formions le vœu de nous installer en Bretagne et d’y ouvrir ce restaurant qui n’avait pas encore de nom. Il y a trouvé naturellement sa place, où avec d’autres, il constitue l’âme du lieu. Ses compositions sont l’œuvre d’un artisan au sens le plus noble du terme et c’est aussi pour cela que nous l’aimons. Rien n’aurait pu nous faire manquer son concert à Ploemeur en février… J’aime à croire qu’à force de vouloir les choses, elles finissent par arriver puisqu’il a répondu à notre invitation ! Vous n’en avez donc pas fini de nous entendre en parler, de l’entendre aussi… ![]() ![]() http://gianmariatesta.com ![]() Lorsqu’Italic n’était encore que dans nos rêves, A quelques heures de l’ouverture, lorsque je disposais les livres,mes yeux ont croisé son sourire au dos d’une jaquette. Le temps est bien cruel, ais-je pensé. Sachez que d’Italic, Jean Claude Izzo est l’hôte permanent. ![]() Annie Billet d’humeur La critique est éloquente : efficace mais sans âme, à propos des séries policières télévisées en général et l’adaptation de la trilogie de Jean Claude Izzo en particulier. J’avoue : la perspective d’Alain Delon “ incarnant ” Fabio Montale me fait grincer. Passe encore sa suffisance légendaire -ce sont pourtant les failles de Montale qui le rendent si humain- mais ses déclarations indécentes eu égard à la famille de l’auteur m’ont consternée. Alors qui , me suis-je demandé, pourrait interpréter ce personnage ? Je voyais bien le genre : un type, la cinquantaine bien sonnée. Les cheveux trop longs où le passage du vent - le mistral sans doute- est encore visible et qu’une main tente en vain d’apprivoiser. De cette main discrètement racée, à l’élégance naturelle des danseurs de flamenco. Son corps tout entier occupé à saisir sa ville lui donne l’allure d’un errant qui aurait emmagasiné les saveurs épicées du monde. Il arpente les quais d’un pas amical, grimpe vers les hauteurs et de son regard en biais traverse la Méditerranée. Et puis, comme autant de stations pour déguster les choses et les gens, il fait halte chez ses nombreux amis, son sourire en coin en guise de laisser passer… Cher Jean Claude Izzo, vous manquez tellement. Mais me voilà réconciliée : Richard Bohringer pourrait interpréter Montale à l’écran et j’espère bientôt la sortie des marins perdus avec Bernard Giraudeau. ![]() Jean Claude Izzo Lecture : L’ail et le basilic. …/…C’est dans ces gestes, autour de l’ail, que les mondes se séparent. Plus gravement que vous ne pouvez l’imaginer. Rien, en effet, ne s’accorde mieux avec l’ail que le vin, rouge de préférence. Du bandol en particulier, issu du fabuleux cépage qu’est le mourvèdre. Des vins amples, élégants, puissants, gras et aromatiques. L’un et l’autre, à chaque bouchée, poussent l’outrance jusqu’à ses dernières limites. Là où le palais n’en revient pas de tant de sollicitations. Comme de l’ivresse d’un premier baiser. Alors, je dis, contre tous les vampires suceurs de sang, qui volent nos énergies, vident nos cerveaux et assèchent nos cœurs, mangez de l’ail, buvez du vin. Ceci est la vie. Car, pour paraphraser l’écrivain Jim Harrison, sans l’ail et le vin, cela risque d’être difficile de continuer notre chemin, dans cette vie. J’ai grandi dans l’odeur du basilic. Comme tous les enfants du Sud. Ma mère, quand elle revenait du marché, en rapportait deux ou trois pots, qu ‘elle plaçait sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. C’était sa place au basilic. A l’ombre des persiennes entrebaîllées dès le printemps. J’ai appris, plus tard, que son odeur chassait les insectes. Plus tard, j’ai appris bien d’autres choses encore. Par exemple que, jusqu’à la révolution, le basilic était une plante royale. Il ne pouvait être cueilli qu’avec une serpe d’or, et seulement par une personne de haut rang. Mais j’imagine que les roturiers n’ont pas attendu l’an I de la République pour en émietter les feuilles au-dessus de leur assiette ! Le bon goût et les bonnes odeurs, ça s’acquiert d’instinct, et le basilic, quand on l’a reniflé une fois, on ne peut plus s’en passer. C’est mon cas. Dès que je ne le sens pas dans la maison, il me manque. A la première tomate venue, il m’est nécessaire. Quelques gouttes d’huile d’olive sur les pomodori bien rouges, deux ou trois feuilles émiettées par-dessus un quignon de pain de la veille, frotté à l’ail, et valsez papilles ! Je ne connais pas de bonheur plus simple. Le premier qu’offre le basilic. Les autres vous damneront. Comme tout simplement, repas fini, de tirer les volets sur la chaleur de l’après-midi. Et d’avoir pensé au pot de basilic sur le rebord de la fenêtre de la chambre. Dans l’ombre parfumée de la pièce, la vie devient alors plus simple. Comme le plaisir d’aimer. Soyez sans crainte, ni l’abus de basilic ni l’abus d’amour ne nuisent à la santé. ![]() ** etonnants voyageurs 2002 St Malo : plus que jamais contre la xénophobie A peine débarqués sur le continent africain invité pour la 13ème édition du festival étonnants voyageurs, nous voici immergés, non pas au chœur de la savane, mais dans l’univers de James Crumley à la recherche du bar idéal ! Et tandis que s’achève la rencontre à la terrasse de l’univers, Patrick Raynal rêve à son tour d’un inventaire de ses bistrots où figurerait en 1ère place le café de son enfance « chez la Blonde » à Gavres dont on m’a fait une description mémorable récemment, suivi de près par le célèbre « Ty Beudeff » de Groix- une institution… Et l’Afrique dans tout ça, me direz-vous…Eh, Oh ! Pas de précipitation, hein, comme l’expliquera Lucien Gourongextrayant quelques histoires du Mali de sa besace. Et puis, c’est cela aussi le festival que chacun parcourt à son gré : une exposition par-ci, un documentaire par-là. Un échange autour du romantisme entre Aminata Sow Fall et Michel Le Bris. Le café littéraire où les nouvelles voix africaines rencontrent André Brink qui n’a pas pris une ride et continue à traquer les travers du monde…Les dédicaces sur le salon : le sémillant Kofi Efoui qui se souvient d’une bonne copine à Lorient ! Le sage Abdourahman A. Warebi au sourire grave et le brillant Dany Laferrière à l’humour contagieux. Et puis les femmes. Depuis l’édition Méditerranées de 98, elles semblent plus libres de s’exprimer, la menace est moins grande pour les femmes Algériennes, même si prendre la parole en leur nom propre relève encore de la transgression aux yeux de leur société. Elles évoquent la double culture, une richesse aujourd’hui-un fardeau les premiers temps. L’amour qu’elles portent à la France- à toute la France y compris celle qui les a colonisées. Je ne saurai plus restituer à Maïssa Bey et Souâd Belhaddad leurs paroles respectives- qu’elles me pardonnent- tant elles se font écho. Un peu plus tôt, c’est Fatou Diomeétablie à Strasbourg qui raconte qu’au lendemain du 1er tour des élections, à ses amis qui demandaient si elle serait des leurs aux manifestations, elle répliquait : j’ai suffisamment démontré que j’aime la France, que je vous aime, à votre tour de dire que vous voulez me garder… Son livre intitulé « la préférence nationale » donne le ton. Généreuse Fatou, qui, malgré les menaces de son chauffeur de verrouiller les portières (c’est qu’elle a un train à prendre) se plie de bonne grâce aux dédicaces… *Le titre d’un de mes textes texte réunissant par le jeu des associations ce curieux phénomène que m’avait rapporté un observateur retour d’une mission en Afrique du Sud et un personnage tiré d’un roman d’André Brink… Et voilà que le hasard, qui se joue du temps, les remet en perspective !) ![]() POULPE FICTION *Gabriel adressa une pensée muette à Gérard et Maria en franchissant le seuil du restaurant italien. Lorient était bien loin de leur bistrot du XIème et des fameux pieds de porc à la Sainte-Scolasse qui faisait leur renommée. Il jeta un coup d’œil rapide à la carte que lui tendait le serveur, sachant par avance ce qu’il prendrait. Il hésita pourtant : les polpi le tentaient bien. Le poulpe justement son surnom. La faute de ses bras, des bras si longs qu’on aurait dit des tentacules qui pendaient parfois gauchement quand il ne savait trop qu'en faire. Ce n’était pas l’avis de Cheryl, encore moins celui de ses ennemis qui, pour d’autres motifs, se souvenaient longtemps de leur étreinte ! Il avait depuis longtemps adopté les méthodes du mollusque : un jet d’encre pour égarer les curieux et pfuitt…il disparaissait sans laisser de traces. Il commanda des penne all’arrabbiata se demandant si elles seraient aussi enragées que celles de Tonino Benacquista dont il apercevait un livre près du comptoir. D’autres lui étaient familiers : il reconnaissait la couverture d’un roman de Jim Harrison - big Jim, un fameux cuisinier à ses heures, côtoyant la trilogie marseillaise d’Izzo où la bouillabaisse -la vraie- s’accompagnait de bandol. Au moment précis où ses yeux se posaient sur les marins perdus, les premières notes d’une mélodie de Gianmaria Testa résonnèrent comme sorties du livre. Son regard se concentra sur la mousse légère de sa bière et il décida après la première gorgée que la mode minimaliste avait parfois du bon… ![]() Inter celtique 2002 Guillaume poussa la porte du restaurant qui lui était familier : il y connaissait bien l’envers du décor puisqu’il y avait joué un spectacle quelques mois plus tôt- un exercice plutôt délicat dont il avait éprouvé la difficulté et que je qualifiais volontiers de prouesse, sans même parler de son talent. Il s’installa dans un coin et choisit un livre car il dînerait seul. Alan était arrivé quelques instants plus tôt et tournait le dos à la salle, de sorte qu’il pouvait dans un premier temps passer inaperçu.. Sur le chemin du restaurant, le jeune garçon en voyant les affiches du dernier album d'Alan disait à son père combien il aimerait le rencontrer. Car Jerôme, son écrivain de père, avait fini par céder à la curiosité et venait se rendre compte sur place et en famille que la cuisine rivalisait bien avec l’ambiance du lieu. Ce pourrait être le début d'un roman... "Si on écrit de la fiction, autant que ce soit vrai" (Simon Ortiz). Seulement voilà, je ne sais pas très bien quand cette histoire a commencé : lors d'un certain concert à l'olympia, la veille où Pierre passait son diplôme de cuisinier ou bien sur le chemin du retour à Lorient lorsque Christophe me tendit un polar*-cadeau d'un copain ou bien encore lorsque Mathieu proposa avec Guillaume un spectacle dédié aux femmes... ...Les autres s’attardèrent, nous avec bien entendu. Histoire de refaire un peu le monde, de dire nos goûts, de parler de diversité et de convergence musicales, de livres aussi. Bref, une soirée comme on les aime, qui laisse des traces et nous nourrissent…et dont les échos tenaces revêtissent nos murs. *cf le menu plus bas composé à l'occasion d'une soirée lecture. MENU propsé pour une soirée lecture et composé d'extraits de polars “Le long des quais, les drisses font chanter les mâts et les noctambules courbent le dos. Le phare balaie paresseusement l’eau noire. Les grues géantes qui veillent sur le sommeil de Lorient baissent la tête ” * “ Cela faisait des heures qu’il marchait, sans but, allant du cours de la Bôve à la rue de la corderie et reprenant ce même trajet en sens inverse. L’obscurité profonde annonçait déjà une nuit sans lune lorsqu’il se retrouva dans la rue de Rochambeau ” ** A l’instant où il poussait la porte du restaurant, le garçon achevait de prendre ma commande : “-Penne all’arrabiata ? -Oui ! j’ai répondu affamé…Les pâtes brûlantes sont arrivées dans mon assiette. Un délice qui enflamme le palais ” *** -Et pour le dessert ? demanda Pierre dans sa cuisine tandis qu’il remplissait d’eau une gigantesque gamelle. “Sa méthode préférée consiste à commencer, toutes affaires cessantes, par faire bouillir suffisamment d’eau pour procéder à l’accouchement d’une ribambelle de bébés ” **** “ -Fais des crèmes brûlées si tu as envie. …Ca allait être un de ces chantiers dans la cuisine ! Au fouet, à cette heure” ***** * in Zone Mortuaire Kelt & Ricardo Montserrat - Série noire. ** in chef-d’œuvre meurtrier à Lorient Jérôme Lucereau - Bargain *** in la commedia des ratés Tonino Benacquista - Série noire **** in le sabre et le virus J.A. Jance -Série noire ***** in les larmes du chef Daniel Picouly -Série noire ![]() Annie Février 2001 Raymond Queneau : exercices de style. ***Le principe est simple : une même histoire déclinée 99 fois. Le narrateur se trouve dans un bus à une heure d’affluence. Un homme, passablement énervé, attire son attention et son accoutrement retient son regard. Un grand échalas, au cou démesuré, qui porte un chapeau de paille dont le ruban s’est transformé en une tresse ridicule. Il l’aurait sans doute oublié s’il ne l’avait à nouveau croisé quelques heures plus tard près d’une gare, en grande conversation ; son interlocuteur lui faisant remarquer qu’il manquait un bouton à son pardessus. La tentation était grande d’y ajouter une ou deux versions…Je n’ai pas respecté rigoureusement les contraintes, même si je ne me suis pas éloignée de l’histoire originale, excepté pour la dernière saynète. Brezhoneg. Tous ces gens comme à confes’ à attendre l’autocar, Memes tra ! A l’intérieur un tas d’autres spege pire que des sardines de Quiberon… Sainte Anne d’Auray ! pourvu qu’il m’envoie à la maison, à temps pour la soupe. Ma doue ! A qui c’est ce tok là qui s’agite au-dessus des têtes ? Un drôle de chapeau, ma foi, avec un pilhou au lieu d’un ruban ; et son propriétaire : un pichon aussi avec son gouzoug tout treut. O yo, comment il est énervé çu-ci. Un torr-revr tiens ! qui pleure soit disant parce qu’on le bouscule. Et v’la-t-’y pas que je retrouve l’après-midi même…et en grande conversation mar plij ! L’autre lui parle de son paletot aux boutons a-dreuz. J’avais bien vu, moi, qu’il en manquait un. A l’arrach’ C’est re-lou : le bus est plein ! Hey ! c’est qui ce que-me qui se vé-ner ? Respect, qu’y dit, respect ! Y s’la pète avec sa casquette…l’a plutôt l’air d’une caille-ra, ouais ! Une fausse casquette, avec une fausse marque…trop con le gars ! Le revoilà plus loin avec un pote à lui : y m’gave avec son blouson nase. A la manière. Je le savais à l’instant même où il franchit le seuil : ce type gâcherait mon déjeuner ! Rien qu’à sa manière arrogante d’exiger du serveur la meilleure table, un service dans les meilleurs délais. A la place du serveur j’aurai conseillé le Mac Do… Déjà il s’installait, se débarrassant de son par-dessus à grand renfort de gestes, et malgré moi je notais qu’il manquait un bouton…J’aurai volontiers évité cet inventaire, mais voilà : il me faisait face. Quelque chose clochait dans sa tenue, la cravate peut-être qui tranchait avec l’ensemble impeccable : elle ressemblait à une sorte de tresse usée. Il avait une tête oblongue, en équilibre sur un cou efflanqué. Une tête à porter le chapeau pensais-je. Le cadre du restaurant aidant, je l’imaginais un canotier vissé sur le crâne, la tresse ridicule en guise de ruban. Contenant à grand peine un fou rire, je me replongeais dans la lecture du livre choisi parmi ceux mis à disposition. Peut-être devrais-je lui suggérer un titre pour tromper l’attente : ” Exercices de style “ me semblait de circonstance… ![]() |
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